Sociologie de l’intervention sociale - Déprofessionnalisation d’un métier, désinstitutionnalisation d’un secteur
9782366300291
Neuf
François Aballéa
Il est habituel d’opposer les logiques professionnelles et les logiques institutionnelles. Les premières réfèrent à la capacité du groupe professionnel à définir d’une façon autonome les règles de l’art du métier et ses références normatives et éthiques ainsi qu’à en assurer le respect. Les secondes s’inscrivent dans un rapport de subordination et de soumission du professionnel à l’institution qui l’emploie et lui impose ses objectifs, ses valeurs, sa culture. On parle de professionnalisation quand un groupe professionnel s’affranchit ou s’autonomise par rapport à l’institution qui le contrôle et, inversement, de déprofessionnalisation ou d’institutionnalisation quand l’institution accroît son emprise sur ses acteurs. On considère le plus souvent, aujourd’hui, que les logiques professionnelles déclinent au profit des logiques institutionnelles, entamant l’autonomie pratique, normative, juridictionnelle des praticiens et renforçant le poids des contraintes et des orientations des institutions même si peuvent s’observer quelques mouvements inverses.
En réalité, les rapports entre professionnalisation-désinstitutionnalisation d’un côté, et institutionnalisation-déprofessionnalisation de l’autre, sont beaucoup plus complexes. On peut en effet assister à un mouvement simultané de professionnalisation et d’institutionnalisation, d’institutionnalisation et de déprofessionnalisation - et au mouvement inverse - et enfin à un mouvement de déprofessionnalisation et de désinstitutionnalisation.
Bien qu’il faille distinguer selon les groupes professionnels, les institutions et les secteurs, il semble bien néanmoins que ce dernier mouvement se développe de plus en plus et que l’on assiste tendanciellement à un double processus de déprofessionnalisation et de désinstitutionnalisation.
Les divers métiers qui gravitent autour de ce que l’on peut appeler l’intervention sociale, le travail sur, avec ou pour autrui, même s’ils n’en n’ont pas l’exclusivité, illustrent cette dernière tendance génératrice de ce que l’on peut appeler l’anomie professionnelle. D’où le malaise qui les traverse parfois.
Introduction générale
I - Intérêt et limites d’une approche en termes de professionnalisation
Un essai d’importation avorté
Le retour des professions
Conclusion - Profession et travail social
II - La dynamique professionnelle
Une dynamique entretenue
L’art de créer et d’entretenir une dynamique externe
Conclusion - Pofessionnalisation-déprofessionnalisation de l’intervention sociale
III - Professionnalisation et institutionnalisation
Fonction et normes
De la désinstitutionalisation
Institutionnalisation et déprofessionnalisation
Conclusion - Subordination organisationnelle et déficit institutionnel :
le délitement des métiers du social
IV - Autonomie et concurrence
Une autonomie contrôlée et menacée
Une concurrence exacerbée
Conclusion - Résistance et contournement : la banalisation de l’intervention sociale
V - Qualification, classification et compétence
Faits et jugement
Qualification, classification
De la qualification à la compétence
Conclusion - Vers la normalisation du travail social
VI - Identité professionnelle et culture institutionnelle
Des identités professionnelles mises à mal
Les ambiguïtés de la culture institutionnelle
Conclusion - Des intervenants sociaux sans supports
VII - Intérêts matériels et moraux
La tentation corporatiste
Les associations professionnelles : apogée et déclin
Syndicalisme et corporatisme
Conclusion - Un effet de génération
VIII - La construction d’une légitimité professionnelle
De la construction historique d’une catégorie d’intérêts
La construction d’une légitimité professionnelle
Alliés et alliances
Conclusion - Se donner les moyens de sa dynamique
Conclusion générale
Bibliographie générale
Table des matières
Auteur | François Aballéa |
Hauteur | 24 cm |
Largeur | 17 cm |
Poids (g) | 400 |
Année | 2014 |
Nombre de pages | 230 |