Où va le temps de travail ?

Le temps de travail est revenu sur le devant de la scène : du fait de la généralisation du processus de réduction de la durée hebdomadaire du travail, du fait aussi des variations de cette durée et de la localisation différenciée des périodes de travail, du fait enfin que la réduction du temps de travail constitue une monnaie d'échange, tant pour la création d'emploi que pour adapter le rythme des activités des salariés aux caprices du marché. La construction sociale de cette norme temporelle, qui entre dans le champ de la négociation depuis peu, constitue un enjeu d'autant plus important qu'il y a une opposition entre le temps mesuré, uniforme et les temps individuels, vécus de manière différentielle, notamment entre les hommes et les femmes. C'est cet ensemble de tensions qu'une vingtaine d'auteurs explorent du point de vue de différentes disciplines, comme la philosophie, le droit, la sociologie, l'économie, l'ergonomie. Ce recueil de textes s’adresse à toutes celles et à tous ceux qui, dans l’entreprise privée ou publique sont en charge du management et de la gestion des activités, mais aussi aux partenaires sociaux en charge de faire reconnaître le travail au travers de négociations collectives et enfin, à toutes les personnes qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur le travail considéré comme une aventure collective. A partir de leurs recherches, ils montrent (a) les limites de cette conception historique, normative et réductrice du temps de travail, (b) la nécessité de penser ensemble le temps du travail et le temps des autres activités non professionnelles, non pour "remplacer" le travail, mais pour le "replacer", (c) l'existence de contraintes temporelles nouvelles, alors que la durée du travail diminue, (d) la faiblesse des innovations dans les arrangements temporels personnels, puisque dans un contexte de temps professionnel réduit, on assiste à un réinvestissement systématique de temps "libéré" dans des activités contraintes, (e) l'importance de l'ouverture d'un débat public du fait que le temps de travail, entraînant avec lui les autres temps sociaux, devient un objet de négociation permettant, de ce fait, de poser la question de la "concordance des temps", dans la sphère productive, mais aussi dans la ville et dans la société tout entière.